Ce qui me rend fou

Ça craque de partout.

L’autre jour, j’ai commencé à vider dans le bac à compost le saladier contenant les légumes épluchés, au lieu du saladier contenant les épluchures. Rien de grave. Un autre jour, j’ai oublié de sortir le bac des poubelles. Rien de grave. Je me suis coupé en débitant des cartons. Rien de grave. Je me suis énervé en dépannant le lave-vaisselle. Rien de grave. J’ai oublié un fichier de paramétrage. J’ai lu trop vite un document. J’ai bâclé un ticket. Rien de grave. Je ne supporte plus les coups de sonnettes et les cartons Amazon. Je suis nerveux. Je suis las. Je suis irritable. Rien de grave.

Je ne me rappelle plus ma dernière bonne nuit de sommeil. Je sens revenir la torpeur. Je sens revenir l’envie de rien. J’encaisse les vagues les unes après les autres. J’écope tant bien que mal. Je m’accroche à tout ce à quoi je peux m’accrocher. Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?

Rien de grave, rien de grave, rien de grave.

Ce ne sont que des signaux faibles. C’est rien. Rien du tout. C’est pas grave. Ça pourrait être tellement pire.

J’en peux plus, mais c’est pas grave.

Comme des millions de gens, je subis la « situation sanitaire », et la manière dont elle est gérée par les connards qui nous gouvernent. Je subis. Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?

Tout ça était pourtant tellement prévisible ! Ils ont fait croire que c’était fini avec le printemps, tous ceux qui pouvaient partir en vacances voulaient ne plus penser qu’à leurs vacances, le petit président voulait son triomphe jupitérien le 14 Juillet, le Medef voulait ses milliards déguisés en plan de relance pour son université d’été, le virus a circulé tout l’été, il a continué de circuler tout l’automne, plus il circule, plus il mute, mais c’est pas grave, le petit président « prend son risque », il est plus intelligent que tout le monde, il est content de lui, tout va bien.

Cet hiver est sordide, c’était prévisible. L’hiver c’est toujours dur. Cet hiver est pire, forcément pire. Alors il faut tenir, juste tenir. C’est normal, juste normal.

Un reportage, co-signé par une demi-douzaine de journalistes, dans Le Monde daté du 27 janvier 2021, se termine par quelques phrases très belles que je retiendrai peut-être, s’il y a quelque chose à retenir de toute cette période pourrie.

Vivre au jour le jour sans céder au catastrophisme, le temps qu’il faudra, en dépit des incertitudes et des rumeurs. Voilà le cap, mais il est bien difficile à tenir au temps du Covid-19, quand la vie se rétrécit, se décharne, au point qu’il n’en reste parfois qu’une armature, avec plus grand-chose d’agréable autour.

Je ne devrais pas me plaindre. Je devrais ne rien dire. Je ne manque de rien. Je suis en télétravail, je ne risque rien, ou alors si peu de choses. J’ai un travail, je suis payé, je ne manque de rien. C’est très facile d’oublier qu’on est un privilégié. Ça va passer. Ça pourrait être pire. La cage est dorée. Il ne faut pas ajouter du malheur au malheur. Ça va passer. Il faut juste tenir.

Peut-être que ça va passer. Il suffira peut-être d’un peu plus de lumière. Il suffira de pouvoir revoir les personnes que j’aime. Il suffira de pouvoir sortir un peu de l’armature, d’un rien, d’une étincelle… Peut-être.

En attendant, j’ai l’impression de devenir fou – ou plutôt, de redevenir fou. Une chute – ou plutôt, une rechute.

Ça craque de partout. Ça remonte de partout. Alors j’essaie de comprendre ce qui me rend fou – ou plutôt, ce qui m’a rendu fou.

Ce billet a commencé par quelques phrases notées au milieu de l’une ou l’autre nuit de l’horrible mois de janvier 2021. Elles ont été remises en forme a posteriori, au calme, retravaillées, augmentées, donc peut-être diluées, peut-être dénaturées. J’ai attendu un moment très calme de février 2021 pour appuyer sur le bouton « Publier ». Je sais que je n’aurais jamais dû les écrire, encore moins les publier. Je sais que ça ne sert à rien. Je sais que rien ne sert à rien, surtout en ce moment. C’est pas grave, ça n’a aucune importance, ceci n’est qu’un blog, et son auteur est sans importance, juste un individu.

Le Pendule de Foucault, chapitre 105, évidemment :

Ce doit être ces jours-là que Belbo a cherché à se rendre compte de ce qui lui arrivait. Mais sans que la sévérité avec laquelle il avait su s’analyser pût le détourner du mal auquel il s’habituait.

Ce qui me rend fou, c’est d’aller me coucher en sachant que je serai plus fatigué au réveil. C’est de savoir que je serai probablement réveillé au milieu de la nuit, et que probablement je ne me rendormirai pas. Ce qui me rend fou, c’est d’avoir encore, si souvent, bien qu’épuisé, une peur panique de m’endormir.

Ce qui me rend fou, c’est que ça va faire un an que je ne suis pas allé au « bureau », que je n’ai pas vu des « collègues », que je n’ai pas passé la moindre journée ou demi-journée hors du « cadre familial ». Je ne vois plus rien ni personne, je ne vois que là où je vis, je ne vois que les personnes avec lesquelles je vis. Je tourne en rond, et je n’ai même pas le droit de me plaindre, parce qu’être en télétravail à perpétuité c’est un privilège de plus. Il est tellement facile d’oublier qu’on est des privilégiés. Je tourne en rond. Tous les jours sont pareils. Tous les jours sont des lundis. Tous les lundis sont des Blue Mondays.

Ce qui me rend fou, c’est qu’il n’y a aucune perspective. J’en peux plus, mais ça va continuer comme ça encore des mois, peut-être des années. Il n’y a aucune raison que ça change. Pourquoi ça changerait ? Au fond, ça arrange plein de monde, notamment ceux qui ont le pouvoir, ici et ailleurs, les dominants de toutes sortes. Pour eux, la vie n’a jamais été aussi agréable. Pour eux, il n’y a pas grand-chose à changer. Eux sont parfaits : c’est donc aux autres de changer. C’est aux autres de s’adapter. Il faut s’adapter, qu’ils disent. Ils disaient déjà ça avant. J’ai toujours entendu ça. C’est donc moi qui dois m’adapter. C’est d’ailleurs ce que j’ai toujours fait : alors, je n’ai qu’à continuer. Continuer de m’adapter. M’adapter jusqu’à ne plus savoir me projeter. C’est pas nouveau. Il n’y a pas d’alternative.

Ce qui me rend fou, c’est de comprendre ce qui me rend fou, et de me rendre compte à quel point je n’ai pas de prise dessus. À quoi bon avoir compris, à quoi bon analyser et décortiquer, à quoi bon même essayer de comprendre, si à la fin on ne peut pas agir dessus ? Il serait plus simple de ne pas comprendre, de ne pas savoir, de ne pas penser. Ignorance is bliss.

Ce qui me rend fou, c’est de me rendre compte à quel point je me suis adapté à toutes sortes de choses auxquelles je n’aurais jamais dû m’adapter, que je n’aurais jamais dû accepter. Mais j’ai cru que c’était ça la vie : chercher des compromis, trouver des accommodements, arrondir les angles, m’adapter, me forcer, faire avec, essayer d’avancer, sauver les apparences. J’ai eu tort, probablement.

Ce qui me rend fou, c’est que, une fois adapté, peut-être moi aussi ne voudrai-je plus que ça change.

Ce qui me rend fou, c’est que, au fond, aujourd’hui, c’est comme il y a trois ans, c’est comme il y a quinze ans, c’est comme il y a vingt-cinq ans ! C’est toujours pareil. C’est toujours pareil. « Une armature, avec pas grand-chose d’agréable autour » : c’est le plus souvent comme ça que j’ai traversé l’existence. Attendre que ça passe. Tenir. Me raccrocher à l’idée que ça va passer. La vie, c’est juste une série de mauvais moments à passer. Ça m’a rendu fou.

Ce qui me rend fou, c’est de savoir que je n’ai pas le droit de changer quoi que ce soit, juste le droit de me changer moi, juste le droit de m’adapter. Il n’y a pas de problèmes : je suis le problème. Le monde est parfait. Le système est parfait. Il n’y a rien à changer. Il n’y a pas de problèmes. Le problème c’est moi. Ça a toujours été moi, ça sera toujours moi. C’est moi qui ne suis pas comme il faut. C’est moi qui ne suis pas ce qui est attendu. C’est moi la déception, l’embarras, le malaise. C’est moi qui mets tout le monde mal à l’aise. C’est moi le problème. C’est moi qui suis fou. C’est moi qui suis malade. C’est moi qui dois changer. C’est moi qui dois faire l’effort. C’est moi qui dois m’adapter ou disparaître. Ça a toujours été comme ça, bien avant cette pandémie.

Ce qui me rend fou, c’est que quand on me demande ce qui ne va pas, je sais que je ne dois pas répondre. Je le sais. On ne me le demande pas pour me comprendre, pour m’aider ou juste pour sympathiser. On me le demande pour m’écraser. Je le sais. Au pire, pour m’enfoncer. Au mieux, pour juste me faire taire. Toujours, pour me rappeler que je ne suis que toléré. Ça a toujours été comme ça. Alors je me tais de moi-même. Je sais que, comme ça, j’aurai moins mal. Je me suis adapté.

Ce qui me rend fou, c’est la peur de la phrase de trop, du mot de trop, du murmure du trop, du silence de trop, du regard de trop, du n’importe quoi de trop. Ce qui me rend fou, c’est d’être en trop.

Ce qui me rend fou, c’est que même si la violence n’est qu’intermittente, la peur est permanente. Les causes de la folie sont dénombrables, la folie est indénombrable.

Ce qui me rend fou, c’est qu’il ne faut pas que ça se voie. Si ça se voit, ça sera pire. Je le sais. Je suis prévenu. J’ai été averti. Le moindre mot de trop peut occasionner un rappel à l’ordre féroce. Il ne faut pas que ça se voie. Si ça se voit, on me le reprochera. On me mordra. On me le fera payer. On exigera que je change. On me mordra. On me dira que décidément c’est moi le problème. Je sais que si on me demande ce qui ne va pas, je dois répondre que tout va bien. Si je réponds quelque chose, ça sera retourné contre moi. Je ne dois rien dire. Si je parle, ce sera pire. Alors autant éviter d’être mordu. Autant éviter d’aggraver la situation. Autant éviter d’ajouter du mal au mal. Il ne faut pas que ça se voie. Il faut que je reste toléré. Il faut que je m’adapte.

Ce qui me rend fou, c’est que même me taire parfois ne suffit pas. Si je parle, je suis négatif. Si je me tais, je suis négatif. Même si je ne dis rien, je suis négatif. Mon visage est négatif. Ma respiration est négative. Mon silence est négatif. Ma seule présence est négative. Le seul fait que j’existe, que je sois là, que je sois encore là, est négatif. Ma seule présence est insupportable. Mon identité est insupportable. Ça me rend fou.

Ce qui me rend fou, c’est quand on me dit que je suis fou. Quand on me dit que je suis bizarre. Quand on me dit que j’ai une tête bizarre, alors que je suis juste fatigué. Quand on me dit que j’ai dit un truc bizarre, alors que je n’ai dit qu’une chose triviale. Quand on me dit qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec moi, chez moi, en moi. Moi, moi, moi. Toujours moi. C’est moi le problème.

Ce qui me rend fou, c’est toutes ces imprécations que j’ai intériorisées au fil des décennies. Il y en a des centaines. L’une des plus emblématiques est évidemment : « Il faut s’adapter », mais il y en a tant d’autres. Il y en a peut-être des milliers. J’ai essayé d’en capturer, d’en verbaliser et d’en décrypter quelques-unes sur ce blog, au fil de ces dernières années, avec l’espoir de les exorciser. Certaines sont le mal, d’autres sont des mécanismes d’auto-défense du mal. Le mal est malin, comme on dit. Un exemple en passant : On n’a pas le droit de remonter un problème si on n’est pas capable de proposer une solution. Si on n’a pas de solution, on doit se taire. Et si on ne fait pas partie de la solution, c’est qu’on fait partie du problème. Et in fine : « Il n’y a pas de problème. Le problème c’est toi. » Ça fait des décennies que j’entends répéter ça ! Ça me rend fou. Ça fait des décennies que je me bats contre ça, et je crois bien que j’ai toujours perdu, en fait. Ça me rend fou. Et je l’ai tellement entendu que je l’entends même quand on ne me le dit pas. Ça fait partie du bruit de fond. Ça me rend fou.

Ce qui me rend fou, c’est que je n’ai pas le droit d’être triste. Je n’ai pas le droit d’être négatif. Je n’ai même pas le droit d’être fatigué. Je n’ai pas le droit de le dire. Si je le dis, ça sera pire. Si je le dis, on me le reprochera. Si je le dis, on me fera mal, on me fera taire. Alors il ne faut pas le dire. Il ne faut même pas que ça se voie. Il ne faut pas que ça existe. Idéalement, il vaudrait mieux que je n’existe pas.

Ce qui me rend fou, c’est qu’on ne me prend pas au sérieux.

Ce qui me rend fou, c’est la charge mentale. Il parait que c’est un truc de femme. C’est un truc de faibles. Si j’étais un homme, un vrai, j’y aurai échappé, j’aurais pu vivre sans même imaginer que ça existe, irresponsable et heureux. Seulement voilà, les faits sont têtus. Au fond, je suis peut-être pas un homme. Et elle est lourde, la charge mentale. Et je la porte. Et je ne la lâcherai pas. Parce que personne ne la portera à ma place. Parce qu’il faut bien que quelqu’un la porte. Et puis peut-être parce que c’est tout ce qu’il me reste.

Et tu regardes en bas
Mais tu tomberas pas
Tant qu’on aura besoin de toi

Ce qui me rend fou, c’est qu’on n’écoute pas ce que je dis. On ne tient pas compte de ce que je dis. On se moque, plus ou moins ouvertement, de ce que je dis. Peu importent l’expérience et l’âge du contributeur, les bonnes intentions et le bien-fondé du propos, l’intelligence et le recul de la réflexion. Tout ce qui vient de moi, ça ne compte pas, ça ne peut pas compter, c’est négligeable, c’est nul, c’est rien.

Ce qui me rend fou, c’est le naufrage de ma « carrière professionnelle ». Les apparences sont de moins en moins sauves. Il y a encore quelques années, je pouvais avoir l’illusion de faire partir d’un collectif, d’animer une équipe, d’avoir quelques responsabilités et une forme de crédibilité. Et puis le déclassement a frappé, plusieurs fois. Et puis le confinement est arrivé, sans date de fin. Je ne suis plus rien. Et tout ce que me rappelle mon quotidien, seul devant mon écran, seul devant mon mur, seul dans mon trou, c’est que je suis un raté, un professionnel déchu, un diplômé indigne de sa Grande École, un rien. Ce qui vient de moi, c’est nul, c’est rien, ça sert à rien, ça ne compte pas. Ça me rend fou.

Ce qui me rend fou, là encore, c’est que ça ne sert à rien de le dire. Je sais ce qu’on me renverra dans la gueule : « tu n’as pas su prendre de risques », « tu n’avais pas la bonne attitude », « tu ne sais pas te valoriser », « tu n’as pas su te spécialiser et te rendre incontournable », « tu te préoccupais trop des gens en dessous de toi », « tu es trop idéaliste », « tu es trop perfectionniste », bref, « tu es trop toi ». Je sais, je sais, je suis nul, tout est de ma faute, je suis un raté, je n’ai que ce que je mérite, je vais aller m’occuper de la vaisselle, ça c’est à ma portée.

Ce qui me rend fou, c’est que le boulot que je fais aujourd’hui, à quelques détails près, j’aurais pu le faire il y a quinze ou vingt ans. Tout ce que j’ai fait depuis, tout ce que j’ai appris, grandi, réfléchi, l’expérience, tout ça, tout ça n’a servi à rien, tout ça ne m’a mené nulle part. Ça me rend fou. Mais je ne dois pas me plaindre : au moins j’ai un travail.

Ce qui me rend fou, c’est que rien ne sert à rien. Tout ce que je remue, tout ce que je sais, tout ce que je pense. Ça ne sert à rien, parce que tout le monde s’en fout, et parce que tout est verrouillé, ici et ailleurs. Ici, je ne dis rien, ça ne sert à rien. Ailleurs, je peux écrire autant de tweets et de pages que je veux, ça ne sert à rien. Il n’y a rien qui sert à rien. Je fais et refais juste encore et encore la démonstration de ce qu’on m’a toujours fait comprendre : je ne sers à rien.

Ce qui me rend fou, c’est de savoir qu’in fine, tout est de ma faute, tout sera de ma faute, tout aura été de ma faute. Le problème c’est moi, moi, moi.

Ce qui me rend fou, c’est de devoir filtrer en permanence ce que je dis, et même ce que je pense, parce que tout ce que je dis pourra être retenu contre moi. On me le reprochera. On me mordra. On me le fera payer. On me crèvera. Tout ce qui sort de moi, potentiellement, peut être retenu contre moi. Tout ce qui sort de moi, on me le fera payer. Tout ce qui sort de moi, c’est de la merde. Tout, tout, tout.

« Le Président » (Georges Simenon, Michel Audiard, Henri Verneuil, Jean Gabin, 1961) 20’28’’ :

— Vous êtes fatigué de dicter, Monsieur le Président ?
—  Non, je pense à ce que je ne peux pas dire.

Ce qui me rend fou, c’est que tout ça, c’est absurde. Non, la vie ce n’est pas juste une suite de mauvais moments à passer, même si c’est comme ça que j’ai traversé la mienne. La vie c’est beau. La vie ça peut être beau. La vie c’est magnifique. La vie c’est précieux. La vie c’est pas juste « qu’une armature, avec pas grand-chose d’agréable autour ». La vie c’est pas ça. C’est juste la mienne qui est comme ça, qui a été comme ça, que j’ai pris dans le mauvais sens. J’ai pas su faire. Mais ma vie, ça aurait pu être autre chose.

Ce qui me rend fou, c’est d’avoir réalisé ces dernières années à quel point tout aurait vraiment pu être différent. Si j’avais eu un peu d’ « estime de soi », qui aurait nourri un peu plus de « confiance en soi », qui aurait permis un peu plus d’ « affirmation de soi », etc. Si je m’étais un peu aimé, tout simplement. Si j’étais écouté les bonnes personnes, et évité les mauvaises. Si j’avais imaginé vingt ans plus tôt, par exemple, que me débarrasser de ma masse corporelle excessive, c’était possible. Si j’avais su me trouver bien, me trouver beau. Si j’avais su être courageux. Si j’avais pensé que c’était possible.

Ce qui me rend fou, c’est que j’ai commencé à croire au possible. Sauf que, ici et maintenant, encastré dans tous les contextes, en temps de pandémie, chez un leader du numérique, en télétravail à perpétuité, en Absurdistan autoritaire, enfermé, enfermé et enfermé, plus rien n’est possible. Je suis rien.

Ce qui me rend fou, c’est l’impuissance.

Je pense à tout ce que je ne peux pas faire.

Je pense à tout ce que je ne peux pas dire.

Je ne pense Covid qui nous sépare.

Bonne journée.

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7 commentaires pour Ce qui me rend fou

  1. hazy dit :

    salut vieil ami. Le temps passant j’ai fini par trouver que tes mots pourraient sortir de ma tête. Pas bon signe…. Notre différence tient sans doute à la neuropsycho. Va lire gauvrit. va lire dabrowsky.

    On peut se libérer.

    https://www.blogger.com/blog/post/edit/2240420677803553157/1312952663937670224

  2. iotop dit :

    Bon jour,
    Vos propos me font penser à cette expression : « En avoir gros sur la patate » …
    Pour ma part l’année 2020 : bilan… sept décès entre ma famille, mes proches et des collègues … de fait, je me suis mis en disponibilité pour quelques mois … parce que, je ne suis qu’un homme et pas seulement un capital travail, un capital consommation …
    Max-Louis

  3. Clyde Barrow dit :

    Tu n’es pas seul, ami, nous sommes des millions comme toi. Ce n’est pas toi qui est fou, c’est le monde qu’on nous impose.

  4. hazy dit :

    c’est cognitif, tout ça: la psychose est contagieuse. Les dominants forgent le monde à leur image. Le simple paradigme cognitif des sphères dirigeantes entraine tout le reste !

  5. « You Ain’t The Problem » de Michael Kiwanuka, sur son 3ème album, « Kiwanuka » (2019).
    http://lapartouzemusicale.blog.free.fr/index.php?post/2021/01/17/La-Partouze-Musicale-79-%282020/02%29

  6. smolski dit :

    « Ce qui me rend fou, c’est l’impuissance. »
    Tant que tu exprimes ce sentiment tu es dans la lutte. 🙂
    N’arrête jamais d’être toi-même, comme tu es !

Tous les commentaires seront les bienvenus.