If I only could

Billet écrit en temps contraint
Warning: Mild spoiler ahead

Un 28 juin est toujours un bon jour pour parler de la fatalité.

Ce mois de juin 2022 est un bon mois pour parler de Stranger Things, la série Netflix dont la quatrième saison est en train de sortir – 7 épisodes fin mai, 2 épisodes début juillet, une heure et quart en moyenne par épisode, le dernier fera plus de deux heures et demie, tout est hors-norme avec cette œuvre. J’ai adoré Stranger Things depuis que je l’ai découverte, en 2019 – je suis un peu cœur de cible, pour diverses raisons, typiquement parce que je suis à peu près de la génération des personnages principaux.

Je suis bon public. Je me laisse facilement prendre au jeu des émotions. Je pleure facilement. Surtout ces dernières années.

Il y a beaucoup de moments poignants dans Stranger Things, évidemment. Mais la dernière séquence d’un certain épisode de cette quatrième saison est ce que j’ai vu de plus poignant depuis un bout de temps.

Un des personnages principaux, un des adolescents de la joyeuse équipe de Hawkins, Indiana, en mars 1986, a compris depuis quelques épisodes qu’elle va mourir. Une gamine. Une gamine qui a déjà été bien cabossée par la vie. Elle en a vu, de toutes les douleurs…

Et là elle a compris qu’elle va mourir. Le mauvais œil est sur elle. Elle a vu d’autres mourir. Elle sait que c’est son tour. Elle sait qu’elle est maudite. Elle sait qu’elle est condamnée. Une malédiction s’est abattue sur elle. Une fatalité s’est refermée sur elle. Mécanique comme une horloge. Implacable. Elle va mourir. Elle s’y prépare. Elle écrit des lettres, aux uns et aux autres, au cas où.

Et puis l’enfer s’est effectivement refermé sur elle. Un enfer bien horrible, et pas juste grâce à la puissance des effets spéciaux. Elle va mourir. Et rien ni personne ne pourra la sauver, même pas ses copains. Elle est terrorisée. Elle est torturée. Elle est impuissante.

Elle va mourir.

Et puis, si, finalement, ses copains vont la sauver.

Une des plus belles chansons des années 1980s va la sauver.

Et surtout, in fine, c’est elle-même qui va se sauver. En se rappelant qu’elle a quand même vécu des bons moments. En se rappelant qu’il y a des gens qui l’aiment. En se précipitant dans une brèche, en courant vers un interstice, en fuyant vers la lumière. À contre-courant. À travers l’enfer et les sortilèges et les shrapnels. Bolts from above hit the people down below. Elle veut vivre. Elle court, elle court.

C’est magique. C’est magnifique. Ce nest peut-être que de la télévision, mais c’est tellement fort, c’est tellement beau. Elle veut vivre. Elle veut vivre. Elle brise la fatalité. On n’en fera qu’une bouchée, de l’impossible.

J’en ai trop dit, ou peut-être pas assez, mais je n’en dirai pas plus.

Je connais cette chanson depuis plus de trente ans, depuis toujours en quelque sorte, sans plus. Je l’écoute en boucle depuis quelques jours. Ça passera. Mais il me faudra du temps, beaucoup de temps, avant que je puisse l’écouter sans penser à cette scène, à ce miracle, sans retenir mes larmes.

Il faut se dire que la vie n’est pas finie.

And if I only could
I’d make a deal with God
And I’d get him to swap our places…

Bonne nuit.

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Un commentaire pour If I only could

  1. Ce n’est peut-être que de la télévision, mais j’ai rarement eu une telle chair de poule devant une télévision… effectivement, une des plus belles chansons des années 80 !

Tous les commentaires seront les bienvenus.